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La donation-partage : anticiper et organiser sa succession avec sérénité

  • Julie Scartabelli
  • 18 sept.
  • 4 min de lecture
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La transmission du patrimoine est une étape importante de la vie familiale. Elle suscite souvent des interrogations : comment transmettre équitablement ? Comment limiter les conflits entre héritiers ? Comment optimiser la fiscalité de la succession ? Parmi les outils mis à la disposition des familles, la donation-partage occupe une place de choix. Elle permet de donner de son vivant tout en organisant la répartition des biens entre ses héritiers.


Qu’est-ce qu’une donation-partage ?


La donation-partage est un acte notarié par lequel une personne, le donateur, transmet de son vivant tout ou partie de ses biens à ses héritiers présomptifs (souvent les enfants), en procédant immédiatement à leur partage. Elle se distingue d’une donation classique car elle associe à la fois le transfert de propriété et la répartition.

Autrement dit, plutôt que de donner séparément des biens au fil du temps, le donateur peut, dans un même acte, attribuer directement à chacun de ses enfants un lot déterminé. Cette organisation permet d’éviter l’indivision et les contestations futures, car les biens sont attribués de manière claire et définitive.


Pourquoi choisir la donation-partage ?


L’un des principaux avantages de la donation-partage est de préserver l’harmonie familiale. En fixant lui-même la répartition de son patrimoine, le parent évite les tensions au moment de sa succession. Chaque enfant connaît précisément les biens reçus et la valeur de son lot.


Sur le plan juridique, la donation-partage fige la valeur des biens au jour de l’acte. Lors de la succession, les biens transmis ne seront pas réévalués : cela protège les héritiers des évolutions de prix qui pourraient créer des déséquilibres. Cet aspect est particulièrement intéressant en présence de biens immobiliers ou de titres de société dont la valeur peut fortement varier au fil du temps.


Une fiscalité avantageuse


La donation-partage est soumise aux droits de mutation à titre gratuit, exactement comme une donation classique. Les abattements légaux (par exemple en 2025 : 100 000 € par parent et par enfant, renouvelables tous les quinze ans) s’appliquent pleinement. Les taux d’imposition dépendent du lien de parenté entre le donateur et le bénéficiaire.


Lorsque la donation-partage est réalisée au profit de plusieurs générations, par exemple directement au profit des petits-enfants, la fiscalité est adaptée. Le Code général des impôts prévoit que les droits sont calculés en fonction du lien entre le grand-parent et le petit-enfant, ce qui permet de bénéficier des abattements applicables en ligne directe.

Par ailleurs, certains mécanismes, comme le pacte Dutreil pour les entreprises familiales, permettent de réduire considérablement les droits dus en cas de transmission d’une société. La donation-partage est alors un outil idéal pour allier optimisation fiscale et organisation successorale.


Les effets sur l’impôt sur les plus-values


En principe, la donation-partage est considérée comme une transmission à titre gratuit et échappe donc à l’impôt sur les plus-values. Toutefois, elle peut avoir des effets intéressants lorsque le bien donné est ensuite vendu. En effet, la valeur retenue pour le calcul de la plus-value sera celle mentionnée dans l’acte de donation, ce qui permet souvent de « consolider » la plus-value latente et d’alléger l’impôt futur.

Ce mécanisme est particulièrement utilisé pour la transmission de titres de sociétés. Par exemple, un parent qui souhaite vendre ses parts peut d’abord les donner à ses enfants par donation-partage. Ces derniers réaliseront la vente sur la base de la valeur actualisée des titres, réduisant ainsi l’impact fiscal.


La donation-partage transgénérationnelle


La donation-partage ne bénéficie pas seulement aux enfants. Depuis une réforme du Code civil, il est possible d’allotir directement les petits-enfants, avec l’accord des enfants. C’est ce que l’on appelle la donation-partage transgénérationnelle.


Ce dispositif présente un double avantage. D’abord, il permet de sauter une génération et d’éviter une double taxation (d’abord au décès des parents, puis au décès des enfants). Ensuite, il offre la possibilité d’utiliser les abattements fiscaux des petits-enfants, ce qui augmente les marges de transmission en franchise d’impôt.


Les formes particulières de donation-partage


La pratique notariale a développé plusieurs variantes pour s’adapter aux besoins des familles. On trouve notamment :

  • la donation-partage cumulative, qui permet de combiner une donation avec le partage d’une succession déjà ouverte ;

  • la donation-partage conjonctive, réalisée par les deux parents ensemble, même si certains enfants ne sont pas communs ;

  • la donation-partage avec soulte, où l’un des héritiers compense l’autre en versant une somme d’argent, sans que cette compensation soit taxée comme une nouvelle donation.


Ces mécanismes offrent une grande souplesse et permettent d’adapter la transmission au contexte familial, qu’il s’agisse d’une famille recomposée ou d’une entreprise à transmettre.


Les précautions à prendre


La donation-partage est un outil puissant, mais elle doit être maniée avec précaution. Certaines situations peuvent soulever des difficultés fiscales, notamment en cas d’incorporation de biens déjà donnés ou lorsque l’on cumule donation-partage et dispositifs fiscaux particuliers (comme le report d’imposition de certaines plus-values).

De plus, parce qu’il s’agit d’un acte notarié définitif, il est important de bien réfléchir à la répartition des biens et d’en discuter avec l’ensemble de la famille. L’accompagnement d’un professionnel du droit de la famille est essentiel pour sécuriser l’opération et éviter les contestations ultérieures.


Conclusion


La donation-partage est bien plus qu’une simple donation : c’est un outil d’anticipation successorale qui combine générosité, organisation et efficacité fiscale. Elle permet au donateur de garder la main sur la répartition de ses biens, tout en offrant aux héritiers la sécurité d’une transmission claire et équitable.

En pratique, chaque situation familiale est unique. Avant de se lancer, il est donc vivement conseillé de consulter un avocat ou un notaire afin de bâtir une stratégie de transmission adaptée à son patrimoine et à ses proches.


 
 
 

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